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2. Nouvelle société et entrée en politique
2.1. La Seconde République
Jusqu'en 1848, la vie politique des campagnes françaises reste largement enfermée dans le carcan d'un système électoral inégalitaire, tenu par les notables locaux, seuls autorisés à voter dans le cadre du suffrage censitaire. Le département des Landes ne fait pas exception à cette règle. Tout comme sur le plan économique et social, la période la plus décisive de l'entrée en modernité de la vie politique landaise correspond à la seconde moitié du XIXe siècle. Ouverte en 1848 par la Seconde République et poursuivie sous le Second Empire, l'entrée des masses rurales dans la vie politique locale et nationale achève de s'imposer avec le lent avènement de la Troisième République. Si l'on peut distinguer ces processus sur l'ensemble du territoire français, il est intéressant de noter que dans le cas des Landes, il s'appuie largement sur les mutations profondes de la société rurale.
La Seconde République apporte une première pierre à ce vaste processus de politisation, en instaurant le suffrage universel masculin dès son avènement, en 1848. Cette décision, en elle-même, ne suffit pas à assurer réellement une participation électorale indépendante de l'ensemble de la population française et le vote de la majorité des paysans reste encore largement encadré par les élites locales. Ainsi, le pouvoir des notables n'est que partiellement ébranlé par les élections législatives d'avril 1848 et de mai 1849. Le 16 avril 1848, 63 172 électeurs landais sont appelés à se prononcer pour désigner sept représentants du peuple. Seuls quatre députés véritablement républicains sont élus : Victor Lefranc, Eugène Duclerc, François Marrast et Pascal Duprat. Les trois autres ont été des hommes des régimes monarchiques précédents ou ne sont que des ralliés de circonstance ; il s'agissait du marquis Elie de Dampierre, de Numa Turpin et de Frédéric Bastiat. Quelques mois plus tard, lors des élections présidentielles de décembre 1848, les Landais cédent massivement à la légende napoléonienne et apportent majoritairement leurs suffrages à Louis-Napoléon Bonaparte. Seuls, les cantons de Saint-Esprit et de Mont-de-Marsan ne lui apportent pas la majorité absolue des suffrages. Ces deux villes, comme quelque autres de même importance dans le département, connaissent en effet une importante minorité de républicains et de " rouges ", les démocrates-socialistes. Ces minorités contribuent à la forte implantation républicaine autour de personnalités locales (comme Victor Lefranc) ou parisiennes (comme Pascal Duprat). Elles connaissent ainsi un succès relatif lors des élections législatives du 13 mai 1849. Un quart des suffrages vont aux républicains modérés et les rouges obtiennent 7% des voix. Malgré une faible participation, ces résultats permettent notamment à Victor Lefranc et Pascal Duprat d'être réélus.
Au cours de cette période, on voit fleurir dans les Landes, et notamment dans les centres urbains, plusieurs petits journaux et feuilles d'informations locales qui contribuent, avec les nombreuses réunions politiques et électorales, au développement d'une vie politique active. Dans les villes principales des cantons et dans quelques villages, se développent également des comités, structures politiques élémentaires dont la source se trouve dans les sociétés populaires de la Révolution française. Malgré ces signes de politisation et les quelques succès du républicanisme, les Landes n'opposent qu'une faible résistance au renforcement de l'autorité de Louis-Napoléon Bonaparte et à l'avènement de l'Empire. Lors du coup d'Etat de 1851, seuls quelques soulèvements ont lieu à Saint-Esprit et à Hagetmau. On ne peut parler de soulèvement général comme dans le cas du Lot-et-Garonne voisin ou des divers départements " rouges " du Centre et du Sud-Est de la France. Quelques jours plus tard, lors du plébiscite du 21 décembre, les Landais votent à près de 98% en faveur de la nouvelle constitution qui consacre le pouvoir personnel du " prince-président ". Seule, la commune de Sore connait une majorité de "non" (168 sur 326 suffrages). Un an plus tard, le second plébiscite connait des résultats semblables et l'Empire emporte ainsi l'adhésion des électeurs. Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette adhésion : la tutelle encore pesante des notables, le rôle apaisant de l'Eglise catholique, rapidement ralliée au régime, le manque d'organisation de la minorité républicaine, la forte répression contre leurs clubs politiques, et enfin un contexte de reprise économique dans les campagnes.
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