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Les Landes pendant la Quatrième République (1945-1958).
A la Libération, le paysage politique et social landais sort profondément bouleversé de la Seconde Guerre mondiale. Dans le domaine politique, les forces de droite sont délégitimées en raison de leur adhésion à la Révolution Nationale du maréchal Pétain, et le socialisme remplace le radicalisme de l'entre-deux-guerres qui porte la marque de la Troisième République : pour beaucoup, les radicaux sont associés à la défaite de 1940.
La fédération radical-socialiste des Landes voit son déclin électoral entamé dans les années 1930 s'accélérer et, d'un point de vue organisationnel, le parti radical se déchire sans arriver à se recomposer. Cependant, malgré le retournement de la conjoncture politique nationale et départementale en leur défaveur, les radicaux désormais éparpillés en diverses organisations (certains forment le Rassemblement des Gauches Républicaines) maintiennent d'importantes positions électorales au plan local. Ils gardent de nombreux sièges de conseillers généraux et municipaux en s'alliant notamment dans les années 1950 avec les gaullistes et les modérés.
Néanmoins le courant partisan dominant la vie politique landaise après la guerre est le socialisme. Acquise dès la Libération, la position hégémonique de la S.F.I.O. s'enracine dans les luttes sociales des années 1930 et ne se dément pas tout au long de la Quatrième République : les deux socialistes Charles Lamarque-Cando et Marcel David siègent à l'Assemblée nationale de 1945 à 1958. Sorti également renforcé de la guerre, le P.C.F. s'implante véritablement dans les Landes à la fin des années 1940 et au cours des années 1950 mais il ne parvient pas à concurrencer la formation socialiste qui bénéficie d'une audience populaire plus vaste, notamment dans la zone forestière du département.
Dans l'immédiat après-guerre, les conditions de vie des Landais sont difficiles et précaires. Les problèmes de ravitaillement rendent le quotidien difficile jusqu'au début des années 1950 et la pénurie touche particulièrement les denrées de première nécessité, comme le pain et la viande. Les zones rurales, lieux de production alimentaire, sont moins touchées que les villes du département, mais les manques se font sentir dans tous les milieux et les besoins, surtout en viande, ne sont pas satisfaits.
Malgré ce contexte économique difficile, les paysans landais s'organisent au sein de puissants réseaux syndicaux car ils bénéficient du changement du rapport de force politique consécutif à la fin de la guerre. Dans le prolongement des luttes des années 1930, le mouvement paysan prend une ampleur inédite car les syndicalistes plutôt proches du P.C.F. et de la S.F.I.O. se rassemblent au sein d'un organisme syndical représentatif, la Confédération Générale de l'Agriculture (C.G.A.). Au cours des années 1950, ils engagent une multitude d'actions de solidarité auprès de métayers ou fermiers menacés de reprise par leurs propriétaires.
En effet, après avoir obtenu la promulgation d'un nouveau statut transformant le métayage en fermage, ils doivent entreprendre de dures luttes légalistes pour que son application soit effective et éviter que les propriétaires refusent les demandes de conversion en fermage. Les bailleurs s'organisent pour demander aux tribunaux paritaires de récuser ces demandes (le propriétaire dit qu'il va exploiter lui-même la terre et donne congé à ses métayers) tandis que les preneurs sollicitent ces tribunaux pour l'application de la loi. Cette bataille pour l'application du statut est marquée par des manifestations de masse scandées par le chant "Lous Pique-Talos", des remueurs de terre, mais aussi par des occupations de fermes après les expulsions de métayers ayant demandé la conversion de leur bail en fermage.
Toute une génération de militants issus de ces luttes s'investit dans les activités syndicales, coopératives et municipales au sein des communes landaises. Forts d'un prestige populaire acquis notamment lors de leur arrestation, les militants syndicalistes agricoles de la C.G.A. deviennent des élus socialistes et surtout communistes. En simplifiant, les métayers sont plutôt de tendance socialiste, les propriétaires communistes et les hobereaux de droite.
Le déclin du métayage s'accompagne également de la fin du gemmage sous le triple impact d'une dégradation du massif forestier, du maintien de dures conditions de vie et de travail pour les ouvriers résiniers et d'un début de reconversion économique des Landes forestières. Le tissu industriel landais entre également en crise, avec la fermeture de l'usine Saint-Gobain de Boucau, il se rétracte progressivement autour des uniques forges de Tarnos, seule concentration usinière de la région qui est continuellement menacée par des plans de licenciement et de fermeture totale du site.
Plan de la sixième partie 1945-1958 |
1. La gauche politique sort renforcée de la guerre
2. Le syndicalisme agricole
3. La question du métayage
4. Les Landes forestières
5. Le monde ouvrier