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2. Le syndicalisme agricole
2.3. Les coopératives agricoles et leur modernisation
Après la Seconde Guerre mondiale, les paysans landais expriment un regain d'intérêt pour les comices agricoles, les assemblées d'agriculteurs de cultivateurs qui se proposent de travailler au perfectionnement, au développement de l'agriculture, surtout impulsées par les unions cantonales de la C.G.A.. Pour les paysans, l'intérêt de ces comices est d'autant plus important que les entreprises de machines agricoles participent de plus en plus à ces réunions. Cette activité en faveur de la mécanisation des techniques de production agricole favorise la création des Coopérative d'Utilisation des Machines Agricoles (CUMA), instruments d'entraide technique.
Dans les Landes, le mouvement des CUMA est né dans un contexte de lutte. Sa base sociologique est ciblée : il s'agit de petits paysans qui revendiquent leur autonomie à l'égard des gros propriétaires. Le réseau coopératif poursuit ainsi une vieille tradition sociale et républicaine qui a animé les campagnes landaises au début du siècle. Afin d'éviter que les propriétaires et les paysans aisés ne détournent le système coopératif à leur profit en créant des organisations coopératives plus ou moins factices destinées à couvrir des achats personnels, les syndicalistes construisent donc un maillage coopératif départemental soumis à des règles communes répondant à des principes de solidarité. Hostiles à une gestion collégiale de la Fédération et des coopératives, les propriétaires participent peu à la structuration de la fédération départementale des CUMA au cours de l'année 1946.
Les militants communistes, dépositaires d'une tradition combative, sont nombreux parmi les pionniers du mouvement CUMA dans les Landes, à l'instar d'Albert Juste, ancien déporté. Parmi les membres fondateur, on trouve également le paysan syndicaliste André Bombezin issu d'une famille de paysans pêcheurs. Militant actif du syndicalisme, de la coopération et du mutualisme, avant-guerre, il fut responsable des jeunes au sein de la Fédération des syndicats du bas Adour et des producteurs livreurs de lait industriel dans cette région. Vice-président de la fédération des CUMA, il est plusieurs fois représentant des Landes à l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM).
A l'image d'André Bombezin, l'influence des militants syndicalistes de la C.G.A. est donc forte dans la naissance de la fédération départementale des CUMA. Cette présence des communistes dans le réseau coopératif local s'observe également dans le Midi et dans les autres départements du sud-ouest alors que dans les terres rurales de l'Ouest la Jeunesse Agricole Catholique est plutôt à l'origine de cette organisation. Le siège de la FD-CUMA des Landes est fixé au 26 de la rue Armand-Dulamon, à Mont-de-Marsan. Après des débuts difficiles, le réseau des CUMA connaît un fort développement dans les années 1950-1952.
 A partir de 1951 et de l'exclusion des militants syndicalistes de la F.D.S.E.A., les structures des CUMA deviennent un refuge pour les dissidents du syndicalisme. Les réseaux coopératifs entrent ainsi souvent en opposition avec les structures locales de la F.N.S.E.A.. Cette identité syndicaliste des CUMA est renforcée en 1956 avec l'élection à la tête de la structure coopérative d'Albert Justes. Jusqu'ici président du syndicat des fermiers et métayers des Landes (animé aussi par René Cadone), Albert Justes est élu président de la Fédération départementale des CUMA avec une voix de majorité. En réaction, les représentants de la F.D.S.E.A. quittent l'organisation départementale. Albert Justes symbolise en effet la tradition de lutte des métayers et petits paysans landais notamment contre la propriété foncière, il est longtemps membre du bureau de la Fédération nationale des CUMA. En 1957, l'activité des coopératives est relancée grâce à la création par le Conseil général d'une subvention pour l'achat de matériel neuf.
Sous l'impact des actions syndicales et coopératives, la modernisation de l'appareil agricole landais est rapide. En août 1948, on recense dans le département 359 tracteurs, 70 motoculteurs et 1 340 moteurs de ferme, et dès 1952, il y a 911 tracteurs agricoles et forestiers. Outre le rôle des militants des CUMA et de la commission départementale des jeunes paysans de la C.G.A., le rôle des instituteurs landais, souvent installés dans les villages, est décisif dans la diffusion des nouvelles techniques agricoles (engrais, machines…), par les cours qu'ils prodiguent mais aussi l'aide concrète qu'ils apportent aux cultivateurs. Parmi eux, François Baco, instituteur et agriculteur, dispense des leçons d'agriculture et se rend célèbre par la création du cépage Baco 22A (un des quatre cépages utilisés dans la fabrication de l'Armagnac) lors de la lutte contre le phylloxéra. Prémartin d'Orist et Crabes de Rivère réalisent également des expériences sur les nouvelles variétés de blé. Bédère, instituteur à Saint-Laurent-de-Gosse, est d'autre part l'organisateur et le principal animateur du syndicat local des producteurs de lait.
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