La Quatrième République
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Home > Les Landes pendant la Quatrième République (1945-1958) > La gauche politique sort renforcée de la guerre > Les chrétiens démocrates



1. La gauche politique sort renforcée de la guerre

1.2. Les chrétiens démocrates

Formé en novembre 1944, le M.R.P. est le successeur du Parti Démocrate Populaire. Ce mouvement politique d'inspiration chrétienne mêle principes religieux et question sociale. S'il refuse le libéralisme et se classe à gauche, son anti-marxisme fédère un nombre important de militants de droite et du centre. Il bénéficie ainsi des voix de la droite compromise pendant l'occupation et se caractérise également par un électorat très féminin. Relevant d'un catholicisme qui rejète l'intervention de la hiérarchie religieuse sur le plan temporel, le mouvement réclame une action sociale et familiale contre l'injustice sociale.


Dans les landes le M.R.P. est une création de militants chrétiens souvent issus de la Résistance, mais aussi de modérés et d'anciens hommes politiques de droite. La personnalisation de la formation landaise est très forte : le M.R.P. repose essentiellement sur Joseph Defos du Rau. Les cadres du mouvement se rassemblent sous l'égide de ce notable qui a soutenu la Résistance tout en étant maintenu dans ses fonctions de maire de Gamarde-les-Bains pendant l'Occupation. Ancien combattant et catholique fervent, cet avocat à Dax a été député démocrate-chrétien en 1919. Joseph Defos du Rau est en effet fidèle à ce courant de pensée depuis l'âge de 19 ans : il a milité successivement au Sillon, à la Jeune République et au Parti démocrate populaire, trois ancêtres du M.R.P..


L'audience du M.R.P. dans les Landes repose plus sur l'appui donné par des notables locaux à Joseph Defos du Rau, membre de la première et de la seconde Assemblée constituante puis élu député 1946, que sur l'adhésion à la formation politique proprement dite. La constitution locale du M.R.P. est aidée par le réveil des troubles sociaux dans les campagnes landaises. Par ses valeurs chrétiennes et son refus de la lutte de classe, ce parti, qui prône l'établissement de relations pacifiées entre métayers et propriétaires, est en effet un moyen d'encadrer les populations rurales et de prévenir les conflits sociaux.


Fort du soutien du clergé, le parti s'appuie sur les réseaux catholiques tissés dans les différents milieux sociaux landais : l'Action catholique ouvrière, la Ligue d'Action Catholique Féminine qui compte jusqu'à 20 000 adhérents dans le département, et la Jeunesse Agricole Catholique, surtout influente dans le sud des Landes. Si l'organisation chrétienne-démocrate connaît un important développement de ses effectifs durant ses premières années d'existence, ses forces militantes constituées à la Libération se réduisent rapidement. En 1950, il n'y a plus que 400 Landais inscrits au M.R.P. dont 32 dans la section pourtant stratégique de Mont-de-Marsan.


L'année suivante, en 1951, Joseph Defos du Rau mène la liste du M.R.P. pour les élections législatives. Sur cette liste figure également Henri Man, un agent d'assurance n'exerçant aucune activité politique mais président du conseil d'administration des Allocations familiales et artisanales, Raymond Lafenêtre (maire de Gaune) et Joseph Pinatel, notaire à Peyrehorade où il est conseiller municipal. Ce dernier a acquis une certaine renommée dans les campagnes par son action dans les règlements des conflits ruraux entre preneurs et bailleurs, dans le cadre de l'application du nouveau statut du fermage et du métayage voté en 1946. Les candidats du M.R.P. s'appuient sur un hebdomadaire Le Landais qui est créé pour la durée de la campagne et diffusé gratuitement aux sympathisants.


Joseph Defos du Rau, qui a abandonné ses fonctions de maire de Gamarde-les-Bains, est comme lors des précédents scrutins le seul élu de la liste M.R.P.. A l'Assemblée nationale, il est notamment rapporteur permanent de la commission de la Justice et spécialiste du fermage. Malgré l'activité législative de Joseph Defos du Rau, l'implantation du M.R.P. s'effrite rapidement dans le département. Le seul succès électoral du parti durant cette législature est obtenu par Raymond Lafenêtre, élu conseiller général du canton de Geaune en 1955.


En 1956, la liste législative du M.R.P. est composée de Joseph Defos du Rau, Joseph Pinatel, Pierre Suhas (commandant en retraite, ancien directeur du personnel dans l'industrie) et Jean Guichot (agriculteur sylviculteur installé à Saugnac-et-Muret). La non-reconduction de Joseph Defos du Rau lors de ce scrutin symbolise le déclin de l'activité du parti et de son influence durant les années 1950. Le repli du M.R.P. s'explique surtout par la montée du parti gaulliste, le R.P.F., ainsi que par la recomposition des modérés autour des radicaux-socialistes. En outre le clergé landais a progressivement atténué son soutien à la formation chrétienne : Monseigneur Mathieu, responsable du diocèse d'Aire et de Dax, entretient des rapports conflictuels avec Joseph Defos du Rau et se montre favorable au R.P.F. lors de sa fondation.
 
 

 



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