Les Landes dans la Seconde Guerre mondiale
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Home > Les Landes dans la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) > Résistances landaises > Le réseau "Léon des Landes"



2. Résistances landaises


2.3. Le réseau "Léon des Landes"

L'appellation de " réseau Léon des Landes " est restée dans les mémoires pour qualifier l'ensemble des forces de la résistance qui sont placées sous l'autorité directe ou indirecte de Léonce Dussarrat à partir de janvier 1944.
C'est en effet à lui qu'est confiée par Londres la création de l'Armée secrète (A.S.), qui, dans les Landes, regroupe la quasi-totalité des groupes résistants, à l'exception des communistes et de l'Organisation de résistance de l'armée (O.R.A.), sur laquelle nous reviendrons plus loin.


Dans le département, l'O.C.M., est au début de l'année 1943 la principale force de la Résistance, ce qui explique en partie que Léonce Dussarrat ait reçu pour mission de constituer l'A.S. et que son nom y soit resté si étroitement associé.


Contrairement à la résistance communiste, l'O.C.M., de même que les groupes qui s'y rattachent par la suite, base avant tout son action sur une préparation minutieuse de l'insurrection militaire contre l'occupant. Son ambition majeure est de mettre en place sur le territoire français des structures militaires ou paramilitaires qui permettent de soutenir de l'intérieur l'offensive des Alliés contre l'armée allemande. Dans les premières années du conflit, les opérations de sabotage restent donc ponctuelles et dirigées contre des objectifs stratégiques précis. Fin 1940, les groupes O.C.M. détruisent des câbles téléphoniques de la Wehrmacht. En juin 1941, ils organisent le déraillement d'un train allemand et, en mai 1942, ils déclenchent des incendies dans deux usines de Tartas. À partir de 1943, les opérations s'intensifient, à la faveur du renforcement de l'organisation. Elles continuent de prendre pour cible des installations stratégiques, comme les installations de la Wehrmacht à Pey et Biganon en août 1943 et surtout les avions produits par l'usine Bréguet d'Aire-sur-l'Adour, qui sont sabotés en août 1943. Il faut ensuite attendre le printemps 1944 pour voir le réseau Léon des Landes se lancer dans des opérations d'envergure, touchant de très nombreux objectifs et destinées à saper les bases des forces d'occupation, dans la perspective d'une intervention alliée imminente.


Jusqu'au déclenchement de cette intervention, les mouvements de résistance liés à l'O.C.M. se consacrent avant tout à deux types d'activité : le renseignement d'un côté, l'organisation et l'équipement de structures militaires de l'autre. Ces deux activités clandestines bénéficient du soutien des réseaux " Hilaire " et " Wheelwright " mis en place par les services secrets anglais. Par le biais de ce lien direct, les résistants landais peuvent fournir aux Alliés et à la Résistance réfugiée à Londres de précieuses informations sur l'organisation des défenses allemandes sur la côte atlantique ou sur les mouvements de la marine allemande, qui dispose d'une importante base à Mimizan.


Les échanges avec Londres permettent surtout à l'O.C.M. de bénéficier, à partir de la fin de l'année 1942, de nombreux parachutages d'armes et de matériel. On peut par exemple citer l'action du réseau " Wheelwright " dans la région de Lubbon, autour du maire Gabriel Castagnos, qui est chargé, entre autres, de repérer les terrains de parachutage et de mettre en place des groupes pour réceptionner le matériel et le cacher. Dans son secteur, quatre terrains peuvent fonctionner à partir de 1943. D'autres opérations de transports de matériel sont également organisées par voie terrestre. Elles se heurtent toutefois à des risques plus grands encore. On le voit à travers le cas d'Henri Braun, résistant landais chargé, en mai 1943, de transporter quatre tonnes d'armes entre Toulouse et Cazères-sur-l'Adour. Alors qu'il est parvenu à atteindre sa destination et à cacher les armes avec l'aide d'un groupe local, la cargaison est découverte par les Allemands, et l'ensemble des participants à cette opération est arrêté.


En comparaison avec la résistance communiste, les groupes de l'O.C.M. et des réseaux " Actor " et " Wheelwright " sont plus longtemps épargnés par la répression des autorités françaises et allemandes. Leur travail minutieux d'organisation, la mise en place de réseaux structurés, sûrs et se consacrant surtout à des activités de renseignements et de convoyage d'armes les rendent longtemps moins visibles que les résistants communistes. Ces derniers sont déjà connus des services de police avant l'Occupation, et ils choisissent plus souvent des actions d'éclat ou des manifestations publiques - comme les distributions de tracts. Pour autant, l'essor des réseaux et de leur activité les rend progressivement plus visibles et plus vulnérables. C'est en avril 1943, alors que l'O.C.M. compte déjà plus de 1 500 membres, qu'elle est en effet le plus menacée, du fait de l'arrestation du responsable bordelais Grandclément et, avec lui, d'une centaine d'autres personnes. À la Libération, Grandclément est arrêté par la Résistance pour trahison, car on estime que son arrestation et les révélations qu'il a faites aux autorités allemandes ont conduit dans tout le Sud-Ouest à l'arrestation de 3 000 résistants, dont 300 sont fusillés. La rafle d'avril 1943 décapite en partie l'organisation, qui parvient toutefois à perdurer, grâce notamment à l'énergie de Léonce Dussarrat. C'est à la faveur de ces événements dramatiques que " Léon des Landes " devient le leader de la Résistance landaise et plus tard, le chef de l'A.S. dans le département.


Léonce Dussarrat est certainement l'une des figures les plus marquantes de l'opposition à l'Occupation dans les Landes, comme acteur essentiel de la structuration des mouvements de résistance, puis comme véritable chef de guerre, lors des combats pour la libération du département. Il est également important de signaler son rôle dans les conflits qui traversèrent les différentes mouvances de la Résistance dans la région, et particulièrement entre les réseaux O.C.M. et communistes.


Les divergences dans les formes de lutte ne sont pas les seules qui opposent ces différentes tendances. Comme nous l'avons dit, les réseaux O.C.M. jugent plus judicieux de préparer minutieusement des groupes bien équipés et bien structurés, capables de se lancer dans l'action militaire au premier signal d'intervention alliée. Jusqu'au débarquement allié, Léonce Dussarrat refuse ainsi systématiquement de constituer des maquis. Alors que les communistes tentent difficilement d'en former des F.T.P. dans la campagne landaise, les réfractaires et les clandestins recrutés par les réseaux de " Léon des Landes " restent donc dispersés et cachés dans les fermes ou les usines. Cela nécessite toutefois un travail de tous les instants. Il faut mobiliser l'ensemble des contacts pour obtenir des tickets de rationnement ou de la nourriture et pour protéger les clandestins. Avant juin 1944, le recours aux réquisitions auprès de la population ou des commerçants reste toutefois limité, car l'aide apportée par de nombreux personnages clefs, en particulier dans l'administration, permet d'obtenir des tickets ou des faux papiers. Henri Thiébaud, chef du ravitaillement de la mairie de Mont-de-Marsan, distribue ainsi plus de 50 000 cartes d'alimentation et des dizaines d'identité à la résistance landaise, avant d'être découvert par la Gestapo et de rejoindre le maquis en août 1944.


L'autre opposition majeure entre la résistance communiste et les groupes dirigés par Léonce Dussarrat tenait au refus persistant de ce dernier d'apporter son aide aux quelques maquis F.T.P., et notamment au refus de leur apporter un soutien logistique. Ainsi, les maquis F.T.P. ne bénéficient-ils jamais des parachutages d'armes et de matériel par l'aviation anglaise. Même lors des combats pour la libération du département, Léonce Dussarrat maintient sa position. De profondes rancœurs perdurent, au-delà du conflit, face à cela, et l'opposition entre les diverses tendances de la Résistance se transforme rapidement en hostilité politique après la Libération.
 
 

 



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