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3. La Libération des Landes |
En 1944, la lutte s'accélère entre les diverses forces de la Résistance landaise et les autorités allemandes et françaises. Après une courte trêve pendant l'hiver 1943-1944, les attentats redoublent au début de l'année 1944. Le groupe de l'inspecteur André Bouillar (" Dédé le Basque ") est particulièrement actif dans le sud du département, où il fait sauter à Bayonne les sièges du Parti populaire français, de la Ligue des Volontaires Français (L.V.F.), du Rassemblement national populaire et du groupe " Collaboration ", les principales organisations collaborationnistes de la région.
En parallèle avec l'intensification des actes de sabotage et des attentats, les différents groupes se préparent progressivement au déclenchement de la lutte armée, qu'ils sentent tous imminente. Preuve de cette imminence, la base aérienne de Mont-de-Marsan est bombardée par l'aviation anglaise le 27 mars 1944. Dans le même temps, la répression continue de décimer les rangs communistes jusqu'à la veille du débarquement. Le 26 février 1944, un gendarme est tué par accident lors d'une opération de réquisition de cartes de rationnement menée par les F.T.P.. En réaction, la gendarmerie de Dax, dirigée par le capitaine Leyrat, accroît sa pression dans la région. En mai 1944, un groupe de miliciens attaque le maquis F.T.P. de Peyrehorade, tandis que la Gestapo et la police française lancent un vaste coup de filet dans les régions d'Amou, de Sault-de-Navarre, de Noailles et de Hossegor contre les petits groupes F.T.P. qui y stationnent. Une trentaine de militants sont arrêtés et déportés en Allemagne ; 17 n'en reviennent pas.
À la veille du débarquement, les forces de la Résistance sont réparties dans tout le département mais sont encore divisées. L'A.S., sous l'autorité de Léonce Dussarrat, couvre la majeure partie du département. Les maquis F.T.P. sont quant à eux essentiellement disséminés dans le nord et le nord-est. Ils restent isolés et largement sous-équipés. Cette zone, plus particulièrement le nord-est du département, est également le champ d'action du réseau S.O.E. " Wheelwright ". Il convient d'ajouter aux forces issues de la Résistance landaise les mouvances issues du département voisin du Gers, essentiellement l'Organisation de résistance de l'armée (O.R.A.) qui regroupe des militaires entrés en résistance et qui est représentée dans le sud-ouest de la France par les Corps-Francs du colonel Pommiès. Ces différentes forces ne sont pas unifiées. Les F.T.P. ont refusé de reconnaître Léonce Dussarrat comme leader de la Résistance landaise, car il ne leur a pas apporté d'aide matérielle durant les années précédentes, tandis que les Corps-Francs Pommiès, dirigés dans les Landes par Jean de Milleret (" Carnot "), refusent de reconnaître l'autorité d'un civil. Seule la région d'Aire-sur-l'Adour a vu les différentes mouvances fusionner en un seul et même groupe.
C'est donc l'état-major de l'A.S. qui reçoit le premier les consignes de Londres pour déclencher les vagues de sabotages et les premières opérations militaires de l'année 1944. Ainsi, à partir de juin 1944, et pour reprendre l'expression des résistants gersois : " Léon fait tout sauter dans les Landes. " Voies ferrées, lignes téléphoniques et télégraphiques, lignes électriques et ponts sont ainsi systématiquement détruits, notamment dans les régions de Dax et de Mont-de-Marsan, avec pour objectif de couper l'envoi de renforts vers la Normandie et le nord de la France.
En juillet, les sabotages se multiplient encore, l'ensemble des groupes résistants ayant fini par prendre connaissance de l'avancée des troupes alliées et de la nécessité de couper la voie des renforts allemands. On ne compte pas moins d'une centaine de sabotages ferroviaires à cette époque, dont le plus spectaculaire est la destruction d'un train en gare de Laluque, le 27 juillet 1944, par les résistants de Pontonx. À la même époque, les autorités allemandes veulent accélérer le battage des blés pour garantir l'approvisionnement des troupes lors de la retraite, qui devienne imminente. Jean Lespiau est alors chargé par l'état-major F.T.P. de mener un travail de propagande auprès des entrepreneurs de battage et des travailleurs pour ralentir au maximum ce travail. La plupart des machines sont ainsi stoppées sous couvert de pannes, mais, dans certains cas - comme à Saint-Paul-lès-Dax - les F.T.P. ont recours à la force, faisant exploser les machines.
Les divers groupes appliquent également les ordres de harcèlement systématique des convois de soldats allemands et de miliciens. En réponse, les forces d'occupation accrurent encore la répression, et les accrochages entre maquisards et troupes allemandes se multiplient. À la suite de l'un d'entre eux, l'état-major allemand décide de s'en prendre en personne à Léonce Dussarrat et au maquis qu'il dirige, lançant contre lui une colonne de 7 000 à 8 000 soldats. " Léon des Landes " parvient à assurer sa retraite en faisant exploser le dépôt d'armes et de munitions reçues peu de temps auparavant par parachutage.
L'offensive générale de libération du département est préparée par une autre série de parachutages dans la région d'Hagetmau en juillet et autour d'Aire-sur-l'Adour en août.
Le 17 août, l'état-major suprême des forces alliées donne l'ordre à toutes les forces de la résistance du quart sud-ouest de la France de passer à l'offensive. Au même moment, les troupes allemandes commencent leurs manœuvres de retraite dans les Pyrénées et à Tarbes, la Résistance reprend la ville, soutenue par l'insurrection de la population.
Le 19 août, la garnison allemande de Lourdes se rend, et, le lendemain, l'ordre de retraite générale est donné par l'état-major allemand. Les F.T.P. et les groupes des Corps-Francs Pommiès se chargent alors de couper leur repli vers l'Espagne, en prenant position autour de Seignanx et d'Anglet. L'offensive des groupes résistants dépasse rapidement les troupes allemandes, qui quittent Mont-de-Marsan sans même détruire la base aérienne.
Le 21 août, la population accueille triomphalement les résistants qui confluent vers la ville, quand on signale l'arrivée d'une importante colonne allemande remontant de Pau après avoir traversé Dax. Une embuscade fut aussitôt organisée, et, après un combat acharné, les troupes allemandes sont contraintes de faire demi-tour vers Dax. Cette dernière est libérée le 24 août.
La veille, le 23 août, un groupe de résistants de Soustons avait attaqué une série de camps de prisonniers, libérant ainsi près de 3 000 soldats sénégalais, qui constituent par la suite le 14e régiment de tirailleurs sénégalais.
Le 24 août, un dernier accrochage avec les troupes allemandes eut lieu à Lisposthey. Le lendemain, le département des Landes était officiellement libéré. Un Comité départemental de libération d'une trentaine de membres est aussitôt formé, sous la présidence de Charles Lamarque-Cando, et désigne Paul Chany comme nouveau préfet des Landes.
Toutefois, la lutte armée ne cesse pas aussitôt pour l'essentiel des combattants de la résistance landaise. En effet, Léon des Landes décide de poursuivre le combat et est suivi par l'essentiel de ses hommes ainsi que par l'ensemble des Corps-Francs Pommiès et par plusieurs groupes de F.T.P., dont le groupe Brenner.
À la tête de 5 000 résistants landais, il continue de poursuivre les troupes allemandes en fuite vers le nord. En septembre, un " Bataillon nord-landais " est constitué. Après avoir harcelé les derniers convois allemands, il participe à la libération de Bordeaux puis prend la direction de la pointe de Grave, l'une des dernières poches de résistance allemande de l'Atlantique, située à l'embouchure de la Gironde, au droit de Royan.
Ce n'est que lors de ces combats que les groupes F.T.P. sont officiellement armés par l'état-major, sous l'impulsion de Jean de Milleret (" Carnot "), second de Dussarrat à la tête du " Bataillon nord-landais " et ancien chef des Corps-Francs Pommiès dans les Landes.
Le 1er janvier 1945, le bataillon est transformé en unité régulière et devient le 34e régiment d'infanterie, placé sous le commandement de Léonce Dussarrat, élevé au grade de lieutenant-colonel. En avril, le 34e régiment d'infanterie libère Verdon puis la pointe de la Grave et reçoit la reddition de l'état-major allemand. Le conflit est terminé, pour les Landes et pour les Landais.
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