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Mesures concrètes et espoirs déçus
4.1. L'application des mesures du Front populaire
La politique du nouveau gouvernement porté au pouvoir par la victoire électorale du 3 mai 1936 reposait sur l'idée que la relance économique passait par un soutien à la consommation et donc par une consolidation des salaires et de la situation sociale des travailleurs salariés et des paysans. Les augmentations de salaires arrachées par les ouvriers en grève et la revalorisation des revenus des paysans ne répondaient donc pas uniquement à un souci de justice sociale. Elles rentraient dans une logique politique de sortie de la crise économique. C'est dans ce cadre que fut décidée la création d'un Office National Interprofessionnel du Blé (O.N.I.B.). Le rôle attribué à cet organisme était de fixer le prix et les conditions d'échelonnement dans le temps des achats aux producteurs, et de gérer les importations et exportations des céréales panifiables.
La mise en place de cette nouvelle structure fut quelque peu houleuse, du fait de l'hostilité des organisations de grands propriétaires, comme la Société des agriculteurs et l'Association Générale des Producteurs de Blé (AGPB), et du Sénat. À l'inverse, le projet était soutenu par les coopératives agricoles et de consommation, par la CGPT et par 63 des 70 chambres d'Agriculture. La Chambre d'Agriculture des Landes faisait partie de cette majorité soutenant le projet, qu'elle approuva lors de sa session du 19 mai 1936. Toutefois, soucieuse de voir également réglée la situation dans le massif forestier, celle-ci se prononça également pour la création d'une telle structure pour les produits résineux, en vain.
La loi créant l'O.N.I.B. fut promulguée le 15 août 1936, et immédiatement, dans toute la France, les structures départementales se mirent en place. Le 18 août, la Chambre d'Agriculture des Landes se réunit en session extraordinaire, pour mettre en place le Comité départemental de l'O.N.I.B. et pour déterminer sa composition. Comme à l'échelle nationale, ce comité regroupait l'ensemble des professions concernées par le marché du blé, des producteurs aux consommateurs, en passant par les marchands et les meuniers. Le comité décida de la création d'une coopérative départementale unique, présidée par Albert Coudanne, 1er vice-président du Comité départemental et représentant des producteurs. Les statuts furent déposés chez Maître Ernest Capdepont, notaire à Mont-de-Marsan, les 28 et 31 août. Un accord fut conclu avec 32 commerçants qui furent habilités à réceptionner le blé et 18 caisses locales du Crédit agricole furent mandatées pour payer les livraisons. Pour l'année 1936, le prix du quintal de blé fut fixé à 140 francs, contre 80 jusque-là. Pour l'année 1937, il fut fixé à 185 francs.
Ces mesures en faveur de l'agriculture eurent des conséquences immédiates sur la situation économique des paysans, qui virent leurs revenus augmenter rapidement. L'augmentation du prix du blé eut également des répercussions sur les autres produits agricoles, comme le vin et le maïs, productions importantes dans le département. Les nombreux producteurs landais de cette céréale, ainsi que les quelques vignerons, connurent donc eux aussi une sensible amélioration de leurs revenus et de leur situation économique grâce aux mesures mises en place par le gouvernement de Front populaire.
 Le département des Landes fut également à l'honneur dans le cadre des réformes du gouvernement du Front populaire, qui consacra l'un de ses citoyens en la personne d'Emile Labeyrie. En effet, l'un des projets du nouveau gouvernement, soutenu par le nouveau Ministre des finances du gouvernement Blum, Vincent Auriol, était la réforme de la Banque de France. Le contrôle du gouvernement fut renforcé par la loi du 24 juillet 1936, et Emile Labeyrie, haut fonctionnaire du Ministère des finances et maire d'Aire-sur-l'Adour, fut quelques jours plus tard le premier à occuper la fonction de gouverneur de la Banque de France. Il quitta son poste en octobre 1937, trois mois après la démission du premier gouvernement Blum, pour devenir premier président de la Cour des Comptes, jusqu'à sa révocation par Pétain le 24 août 1940. Il fut en même temps révoqué de sa fonction de maire d'Aire-sur-l'Adour, payant ainsi ses importantes responsabilités à l'époque du Front populaire.
Aux côtés des mesures sociales en faveur des ouvriers, qui touchèrent par la suite les résiniers à la suite de la grève de 1937 (voir ci-dessus), et des mesures en faveur de la population rurale, le Front populaire laissa également en chantier un projet décisif pour le département des Landes, la réforme du statut du métayage. À travers l'échec de cette réforme, on retrouve en fait les difficultés de l'alliance des partis de gauche, ébranlé par les difficultés internationales, d'abord à travers la question du soutien à la République espagnol, puis surtout par les menaces de conflit avec l'Allemagne nazie.
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