La Première Guerre mondiale et ses conséquences
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2. La scission du courant socialiste

2.2. Le difficile maintien de la S.F.I.O.

Après la scission des militants qui rejoignent le nouveau parti communiste, le parti S.F.I.O., dont l'ancrage local est récent, disparaît dans les Landes. Ainsi, en 1924 et 1928, les socialistes ne sont pas en mesure de présenter de candidats lors des élections législatives et soutiennent la liste du Cartel des gauches contre leurs adversaires communistes. Au plan national, Léon Blum s'efforce de reconstituer un parti dont la base ouvrière s'est dangereusement effritée, à l'exception des mineurs du Nord. Le programme du parti socialiste est réformiste plus que révolutionnaire : il demande dans l'immédiat la suppression du Sénat, le vote des femmes, la représentation proportionnelle, la défense de la laïcité, un impôt sur le capital, des nationalisations, des réformes sociales (la semaine de 40 heures, l'assurance-chômage, un statut de la fonction publique avec un droit syndical). Si les socialistes partagent avec les radicaux des thèmes communs comme la laïcité, ils s'opposent fortement au sujet des nationalisations (les socialistes sont pour, les radicaux contre).


Tactiquement, si la voie légale du parlementarisme pour accéder au pouvoir est privilégiée, la conquête de l'État par la rue n'est pas exclue. Léon Blum distingue en effet exercice et conquête du pouvoir. Pour l'exercice du pouvoir, la voie légale est une nécessité, car le socialisme ne peut être que l'aboutissement d'un long processus social de modification radicale des rapports de production. En cas de participation au pouvoir, il s'agirait donc de gérer au mieux les intérêts des travailleurs dans le cadre d'une société restée capitaliste. Menacé sur sa gauche par le P.C.F., le Parti socialiste accepte donc la légalité républicaine. Cet ancrage républicain de la S.F.I.O. est renforcé par son affiliation à la IIe Internationale reconstituée à Hambourg en mai 1923, où dominent les travaillistes anglais et les sociaux-démocrates allemands, partisans de cette voie parlementaire au socialisme.


Dans les Landes, il faut attendre le début des années 1930 pour qu'une direction départementale socialiste revoie le jour, et que la S.F.I.O. soit en mesure de présenter à nouveau des candidats aux scrutins législatifs. Roger Delcombre, professeur d'espagnol au lycée de Mont-de-Marsan et ancien peintre, dirige depuis 1929 la fédération socialiste, tandis que la trésorerie est prise en charge par un artisan-graveur, Camille Despujolsqui occupe cette fonction jusqu'en 1936. Resté fidèle à la " vieille maison " lors de la scission, Eugène Broca, jusqu'ici membre de la commission exécutive de la Fédération des Landes, en devient le premier secrétaire en 1932. Cet ancien ouvrier peintre et fabricant de bouchons tient un hôtel. Il est aidé dans ses nouvelles responsabilités partisanes par le propriétaire terrien Marcel Loustalot, adhérent socialiste depuis 1930.


Le journal de la fédération, Landes socialistes, qui est fondé par Marius Cassagne, propriétaire-négociant et maire de Sabres, a un tirage hebdomadaire limité et, fragile, connaît une existence brève. Sous le pseudonyme de Roger Doris, Roger Delcombre collabore au journal et ses positions doctrinales étonnent car selon le préfet, il est " de ces socialistes qui ne mettent pas la République avant le socialisme et qui sont plutôt les disciples de Marc Sangnier que de Jaurès… un socialiste chrétien ".


Après la période de crise consécutive à la scission communiste, les sections locales socialistes se multiplient, et leurs effectifs gonflent au début des années 1930. La section de Mont-de-Marsan est animée par l'ouvrier typographe Anselme Ricard, puis par Roger Delcombre. À Sabres, le parti socialiste est représenté par le conseiller municipal Auguste Segas. Secrétaire du syndicat local des métayers-résiniers, il est l'un des organisateurs des importantes manifestations de Mont-de-Marsan du 19 mars 1934. L'année précédente, en 1933, la section socialiste locale a cependant été affaiblie par une nouvelle scission, celle des " néos ".


Situé à la droite de la S.F.I.O., le courant des " néo-socialistes " apparaît au début des années 1930. Prêts à abandonner l'orthodoxie pour l'efficacité, ces militants sont influencés par le Belge Henri de Man (Au-delà du marxisme, 1927) selon lequel les données sociales et économiques nouvelles ne répondent pas aux schémas analysés par Karl Marx. L'approche théorique de ce courant accorde une grande importance aux facteurs moraux et affectifs (alors que Karl Marx met l'accent sur les facteurs économiques) pour chercher à créer une communauté qui aboutirait à la justice sociale par la planification. Le leader de cette tendance interne à la S.F.I.O., Marcel Déat, quitte donc le parti en 1933. Ancien normalien, professeur de philosophie, élu député en 1926, il appelle à un Rassemblement national pour s'emparer du pouvoir, exercer une dictature pour construire un État fort, anticapitaliste, et un socialisme national selon les thèmes " Ordre, autorité, Nation ". Mis à part la section de Sabres, les conséquences locales de cette scission sont minimes.


Le parti socialiste dans la commune de Vielle-Saint-Girons est dans les mains d'un élu municipal et militant syndicaliste, Rémi Jouarret. Ce gemmeur gagne la mairie de son village en 1935. Le socialisme landais a donc gardé ses liens avec les mouvements syndicaux des ouvriers résiniers forgés au début du siècle, et poursuit sa pénétration des conseils municipaux des petites communes rurales, pénétration qui a été interrompue par la guerre et les divisions internes au courant socialiste. Ainsi à Sore, le métayer et militant socialiste Arnaud Larrue crée en 1931 un syndicat des métayers-résiniers, dont il assuma la présidence jusqu'à la guerre. À l'origine, ce syndicat regroupe 125 adhérents.


En 1932, la fédération socialiste des Landes, en reconstruction après la scission communiste, présente pour la première fois depuis 1919 des candidats lors des élections législatives. À Dax, Coudert dépasse le communiste Étienne Landaboure, en obtenant 1 520 voix sur 25 617 inscrits, mais dans la deuxième circonscription de Mont-de-Marsan, Marius Cassagne n'obtient que 3% des suffrages exprimés (512 voix), malgré l'appui de l'hebdomadaire qu'il a fondé.
 
 

 



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