La Première Guerre mondiale et ses conséquences
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3. L'implantation communiste dans les Landes

3.3. Les réseaux locaux du P.C.F.

En 1925, Tilh devint la première municipalité communiste des Landes. Paul Desarps, artisan-boulanger, membre du P.C.F., est alors élu à la tête d'une " liste d'union des travailleurs " composée surtout de métayers. Le préfet des Landes estime qu'il s'agit d'une victoire du " socialisme agraire " sur " le conservatisme social ". Cette victoire municipale s'inscrit en effet, dans la continuité des mouvements agraires de l'année 1920 : vaincus sur le plan syndical, les métayers prennent leur revanche sur les gros propriétaires cinq années plus tard, en délogeant la bourgeoisie locale de la tête de la municipalité. Le titre du Bulletin municipal que rédige Paul Desarps, par ailleurs animateur des " comités de défense paysanne " liés au P.C.F., est emblématique : " La citadelle ouvrière et paysanne ".


L'équipe communiste est facilement réélue en 1929 et 1935. La liste que Paul Desarps conduit, sous l'étiquette Bloc Ouvrier et Paysan (B.O.P.), ne présente pas une forte homogénéité sociale, impossible à réaliser dans une petite localité, mais est cependant composée quasi-exclusivement de candidats appartenant au petit peuple : métayers, petits propriétaires, artisans, petits commerçants. En avril 1935, le maire, secrétaire du comité local antifasciste, écrit dans l'Étincelle, l'hebdomadaire régional du P.C.F. : " notre politique s'inspire de la formule classe contre classe ".


À Tarnos, le parti est représenté par trois militants issus de la S.F.I.O. qui ont rejoint le mouvement communiste dès 1921 : l'ancien bibliothécaire du groupe socialiste local Jospeh Desquerre, qui est ouvrier docker sur les quais du port de Boucau, le syndicaliste docker du port de Bayonne Paul Tauzin et Jean Bébé, devenu exploitant d'une petite propriété depuis son licenciement des Forges de l'Adour, après les grèves de 1920. Les deux premiers, Joseph Desquerre et Paul Tauzin, siègent au conseil municipal de la commune depuis novembre 1919, élus sur une liste de la S.F.I.O., à laquelle ils appartiennent. Jean Bébé est, quant à lui, membre du P.C.F. lorsqu'il y entre, en 1923. Il est alors l'un des dirigeants communistes les plus en vue dans la région landaise et devient, en 1926, maire de Tarnos, deuxième municipalité communiste du département.


La coupure est importante car, jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, la municipalité subit les tutelles patronales concernant l'école, le logement, la coopérative et le club sportif. L'Église, avec sa chapelle et son patronage, renforce ce contrôle de la population par les notables locaux. Il faut souligner que la commune mitoyenne de Boucau, située dans le département des Pyrénées Orientales et hébergeant également des ouvriers des Forges de l'Adour, est aussi administrée par un maire communiste, Maurice Perse, qui travaille comme tourneur dans un atelier artisanal, depuis sa révocation des Forges.


La gestion des affaires municipales de la commune de Tarnos par Jean Bébé et son équipe consolide l'influence locale du Parti Communiste, malgré plusieurs crises et l'opposition des autorités préfectorales : à deux reprises, le conseil de préfecture casse les élections municipales et à chaque fois, la liste du Bloc Ouvrier et Paysan conduite est facilement réélue.


En juillet 1930, Jean Bébé est révoqué de ses fonctions de maire, à cause de son action en faveur des grévistes des Forges, attitude qui lui vaut en septembre une condamnation à trois mois de prison, pour " entraves à la liberté du travail ".


Lors du renouvellement municipal de 1935, Jean Bébé laisse, selon les demandes du parti, le fauteuil de maire à son adjoint Joseph Biarrotte. Cet ouvrier-machiniste des Forges de l'Adour participe aux travaux du conseil municipal depuis la conquête de la mairie par le P.C.F., et prend lui-même pour adjoint un autre communiste, Albert Castets, ancien ouvrier des Forges de l'Adour devenu représentant de commerce depuis son licenciement, tandis que Jean Bébé reste élu au conseil municipal.


Si la gestion municipale de la commune ouvrière est au centre des efforts du parti, l'activité militante dans la localité est également importante grâce notamment, à l'ajusteur-mécanicien des Forges de l'Adour, André Arlas. Outre deux comités locaux liés au P.C.F., l'un antifasciste et l'autre regroupant des chômeurs, un groupe d'Enfants communistes de Boucau-Tarnos est constitué avec Gabriel Fiton, ouvrier aux Forges de l'Adour et conseiller municipal, qui en est l'éducateur. Après 1928, cet électricien est chargé du rayon communiste de Dax, qui comprend les cellules de Tarnos.


L'activité communiste est surtout importante dans les deux municipalités communistes, l'une à dominante paysanne - Tilh - et l'autre essentiellement ouvrière - Tarnos - ; néanmoins, certaines petites communes landaises connaissent des militants très actifs.

Ainsi, la cellule locale de Gabarret est l'une des plus importantes du département sous la direction d'un artisan-mécanicien, Alban Trézeguet, militant communiste depuis 1927, élu conseiller municipal en 1935.

Au début des années 1930, la cellule communiste d'Aire-sur-l'Adour, dont le secrétaire est l'ouvrier François Carretey, regroupe une dizaine de membres, dont le couple Boyer (Pierre Boyer, un " industriel " marié à une institutrice s'occupe de la trésorerie).

À la même époque, la cellule d'Ondres rassemble six adhérents sous l'impulsion d'un manœuvre, Étienne Castaing, tandis que la cellule de Dax et des environs, dirigée par le marchand de produits laitiers, Auguste Chartier, et l'ouvrier-peintre, Louis Labadie, compte une vingtaine de membres.

Si, à l'image de la commune de Saint-Paul-lès-Dax, où Roger Tauzia, monteur de lignes aux P.T.T., représente le P.C.F., les cellules landaises sont surtout dirigées par des ouvriers ou des artisans, l'importante cellule de Mimizan a pour secrétaire, un cultivateur propriétaire, J. Ducoute. Ce dernier est néanmoins remplacé en 1929 par un ouvrier-cimentier, Marc Frétillères, fils d'un vigneron de Gironde. Pour le préfet des Landes, il s'agit d'un " propagandiste actif et intelligent, considéré comme dangereux pour l'ordre public. Inscrit au Carnet B ".
 
 

 



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