La Première Guerre mondiale et ses conséquences
Bibliographie 1830 - 1890 1890 - 1914 1914 - 1934 1934 - 1939 1939 - 1945 1945 - 1958 1958 - 1981
   Index des noms cités   -   Carte des Landes   -   Carte des pays   -   Carte des circonscriptions   -   Chronologie   -   Démographie   -   Plan du site  

 

 
 
 

Home > La première guerre et ses conséquences (1914-1934) > L'impact de la Première Guerre mondiale dans les Landes > Un monde rural bouleversé



1. L'impact de la Première Guerre mondiale dans les Landes

1.1. Un monde rural bouleversé

Pendant la durée du conflit, la vie du chef-lieu du département landais, Mont-de-Marsan, est marquée par le 34e Régiment d'Infanterie qui organise de nombreux défilés et plusieurs fêtes militaires. Ce régiment qui compte de nombreux Landais, ouvriers et paysans originaires essentiellement des alentours de Mont-de-Marsan, participe au conflit guerrier au sein du 18e corps et intervient en particulier durant les dures batailles de Craonne et de Verdun. L'action de ces jeunes hommes issus des couches populaires du département vaut au régiment d'être qualifié de " régiment de fer " par un général de l'état-major de l'époque.




Par son besoin en jeunes hommes, la guerre a des répercussions économiques désastreuses dans les campagnes landaises qui sont vidées d'une grande partie de la main d'œuvre paysanne, même si des soldats allemands remplacent les hommes partis au front en effectuant de menus travaux. Ainsi pour le canton de Peyrehorade, la population s'élève à la veille de la guerre (recensement de 1911) à environ 15 000 personnes. Or, environ 10 % de cette population (1 200 hommes) est mobilisée. En outre, ceux qui partent, sont les chefs de famille ou ceux qui sont sur le point de le devenir, soit les plus productifs. En prenant pour taille moyenne d'une famille, un chiffre de 6 personnes, cela signifie qu'une famille sur deux perd sa force vive, un homme jeune. Pour le canton de Peyrehorade, plus de 300 Landais sont tués et près de 500 reviennent mutilés, c'est-à-dire qu'au total 2 sur 3 ont été mobilisés.
 
 





Carte du nombre de tués par canton lors de la Première Guerre mondiale

Cliquez sur la carte...



D'autre part, après l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, l'installation de soldats canadiens et américains dans les forêts communales et privées (le domaine de l'État est soigneusement préservé de toute atteinte) conduit à la disparition de 20 000 hectares de pins. À ces coupes rases effectuées rapidement par un matériel approprié, s'ajoute la dévastation de 750 000 arbres par un incendie durant la guerre.


Sur le plan politique, les manifestations d'hostilité à la guerre sont limitées, car elles ne peuvent que naître au sein de l'extrême gauche ; or, celle-ci est inexistante dans le Département où le socialisme lui-même, qui n'a pas eu le temps de s'implanter fortement, est pris de court par l'assassinat de Jean Jaurès et la déclaration de guerre. Néanmoins, la volte-face syndicale et socialiste succédant à des années de propagande antimilitariste et pacifiste, de discours sur l'impossibilité de la guerre grâce à la solidarité socialiste internationale, entraîne durant les derniers mois de la guerre l'irruption d'une critique de gauche, au nom de la pureté des idéaux révolutionnaires, au sein de la S.F.I.O. et de la C.G.T.. La " trahison des chefs ", dénoncée par Lénine est en effet le vecteur du communisme, courant révolutionnaire interne au mouvement socialiste, né dans la guerre en Russie et structuré mondialement avec la formation de la IIIe Internationale à Moscou, en mars 1919.


Plus profondément, la guerre renverse l'échelle des valeurs et modifie les orientations des mobilisations sociales et politiques. Le conflit notamment, atténue le problème religieux qui a jusqu'ici tenu tant de place et qui est remplacé définitivement par la question sociale. La guerre a favorisé un important brassage social, la rencontre entre différents milieux culturels jusqu'ici encore relativement isolés les uns des autres. Au fond des tranchées, les barrières sociales s'estompent, et les paysans landais sont confrontés à d'autres modes de vie liés à des cultures régionales spécifiques ou à des univers professionnels différents. Les métayers landais ont ainsi pu comparer leur situation avec celle de mineurs lorrains ou de fermiers du bassin parisien par exemple, et s'enrichir d'échanges culturels inédits noués dans l'épreuve du feu. Face aux autres groupes sociaux, le paysan éprouve plus que d'autres un sentiment de frustration : il a en effet payé au plus haut point l'impôt du sang. Près de la moitié des morts durant le conflit ont été des paysans.


Les ouvriers ont subi moins de perte que les agriculteurs, beaucoup ayant été affectés comme " ouvriers spéciaux " dans les usines. Néanmoins, la condition ouvrière s'est détériorée à la sortie du conflit : la progression des salaires ouvriers n'a pas suivi celle des prix. Si la diminution du pouvoir d'achat a pu être compensée pendant la guerre par un allongement du temps de travail, le déséquilibre apparaît dès 1918, avec la réduction des horaires et le développement du chômage. Les conditions de travail deviennent même plus pénibles qu'avant guerre : les cadences augmentent, la rationalisation est poussée en vue d'un accroissement de la productivité. Cette recherche de rentabilité, dans le contexte de la reconstruction du pays, transforme qualitativement le travail ouvrier, sous le double mouvement d'une diffusion du machinisme et d'un renforcement de la division du travail, qui casse l'esprit d'équipe.


À l'instar du mouvement socialiste, le syndicalisme ouvrier sort profondément bouleversé du conflit. La C.G.T. a en effet multiplié durant la guerre les rapports avec l'État et les employeurs. À l'encontre d'une tradition révolutionnaire figurant le syndicat comme une " anti-société ", le syndicalisme ouvrier a participé à des organismes publics et cette attitude nouvelle portée par Léon Jouhaux, qui est membre de la délégation française à Versailles, est maintenue après la guerre. En entrant dans le système, la C.G.T. voit l'émergence en son sein (comme au sein de la S.F.I.O.) d'une minorité révolutionnaire contestant l'orientation réformiste du syndicat.



 
 

 



Top  

Notes légales  -   Philosophie de la démarche du Conseil général des Landes  -   Contact