1. L'impact de la Première Guerre mondiale dans les Landes
Avec le déclenchement des hostilités entre la République française et l'Empire allemand, les clivages politiques forgés au début du siècle sous l'impact de l'émergence de nouvelles revendications sociales et de la demande d'un accroissement de la démocratie politique se brouillent. L'essor récent dans les Landes du courant socialiste, représentant cette irruption des intérêts des classes populaires sur la scène politique locale, est ainsi contrarié par la montée des périls guerriers en Europe, qui font voler en éclat les déclarations de solidarité internationale des dirigeants socialistes en l'espace d'une semaine :
Le 29 juillet 1914, alors que la tension internationale s'accroît et que la marche à la guerre a commencé, L'Humanité publie un manifeste de la C.G.T. qui prend clairement position contre la guerre européenne à venir : le prolétariat européen doit se mobiliser pour faire obstacle au déclenchement du conflit, qui ne servira que les intérêts de la bourgeoisie. Un seul moyen d'action peut réussir, la mobilisation populaire concrétisée par une grève générale. Le 31 juillet, le vieux leader socialiste et pacifiste Jean Jaurès est assassiné au Café du Croissant, par Raoul Levillain, membre de la " Ligue des jeunes amis de l’Alsace-Lorraine ". L'effroi que génère cet évènement va modifier la donne politique et entrainer les pacifistes dans la guerre.
Le 4 août 1914, les députés socialistes votent à l'unanimité les crédits militaires. La guerre à l'Empire allemand est déclarée. Ce même jour, lors des obsèques deJean Jaurès, le secrétaire général de la C.G.T., Léon Jouhaux, promet dans son éloge funèbre de soutenir l'effort de défense nationale :
" Acculés à la lutte, nous nous levons pour repousser l'envahisseur, pour sauvegarder le patrimoine de la civilisation et d'idéologie généreuse que nous a légué l'histoire. Nous ne voulons pas que sombrent les quelques libertés si péniblement arrachées aux forces mauvaises. Notre volonté fut toujours d'agrandir les droits populaires, d'élargir le champ des libertés. C'est en harmonie avec cette volonté que nous répondons " présent " à l'ordre de mobilisation ".
(Discours aux obsèques de Jean Jaurès, le 4 août 1914).
Alors que la classe dirigeante peut craindre que les socialistes et les syndicalistes ne sabotent la mobilisation, voire ne déclenchent un mouvement insurrectionnel, l'épreuve de la guerre provoque un réflexe de rassemblement autour des valeurs nationales menacées par l'agression étrangère. L'ensemble de la classe politique se rassemble au motif que la France est victime d'une agression, et les socialistes participent à cette Union sacrée, également de mise dans les autres pays entrés en guerre.