Les débuts du mouvement social
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3. Le mouvement paysan

3.2. La création de la Fédération des syndicats de fermiers, métayers, résiniers et partie similaires

Les premiers syndicats d'ouvriers résiniers sont créés au début du vingtième siècle. Fondé en décembre 1905, celui de Lit-et-Mixe est réputé pour être le premier. Il a à sa tête un jeune homme de 27 ans, petit propriétaire, Ernest Ducamin, qui appartient à une famille de propriétaires aisés : avec 60 hectares de terre, 100 brebis et 25 vaches, son père emploie un métayer et un domestique. Audacieux, énergique, Ernest Ducamin aime la vie militaire (son service militaire lui a valu le grade de sous-lieutenant) et ne connait rien au mouvement syndical. Ce n'est pas non plus, politiquement, un " homme de gauche " : dès qu'il se mêle aux luttes des gemmeurs, l'administration préfectorale et la S.F.I.O. le soupçonnent d'agir pour le compte d'un grand propriétaire local, Crouzet, maire de Lit-et-Mixe. Certains l'accusent même d'être l'homme de paille du député nationaliste de la 2e circonscription de Dax, Léglise. C'est à la fin de l'année 1905 qu'il commence à organiser des syndicats de résiniers dans toute la région du Marensin sur le modèle de celui qu'il a fondé à Lit-et-Mixe.


D'autres syndicats se créent l'année suivante à Soustons avec Paul Pinsolle et à Castets-des-Landes, avec Gérôme Sourbé et surtout à Sainte-Eulalie-en-Born, en pays de Born, sur le littoral. Le syndicat du village de Sainte-Eulalie-en-Born mis en place en juin est présidé par le métayer Lortie-Doné, mais est dirigé de fait par son secrétaire, Louis Duclos, gemmeur des forêts domaniales. A la personnalité très forte, ce dernier a des sympathies syndicalistes révolutionnaires et parvient à faire accepter l'adhésion du syndicat à la C.G.T.. Cette situation unique pour un syndicat d'ouvriers résiniers ne dure cependant pas longtemps, car l'affiliation est rapidement rompue. L'essor de la syndicalisation dans la région du littoral renvoie à un système de métayage quelque peu particulier. En Marensin, un individu a deux statuts en cumul : il est métayer pour la partie agricole et salarié pour la partie gemmage (la somme que perçoit le gemmeur n'est pas fixée en fonction de la quantité de gemme, ni du cours en vigueur). En revanche, dans la Grande Lande, agriculture et gemmage sont inclus pour un même individu, dans un même statut juridique. En juillet 1906, il y a entre 30 à 35 syndicats de résiniers dans les Landes.


Carte des syndicats en juillet 1906 (d'après "Le pin de la discorde")

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Si les opinions politiques de Louis Duclos sont révolutionnaires, la plupart des syndicats sont cependant sans influence politique et le socialisme y est longtemps peu présent. Organisés au niveau de la commune, les syndicats regroupent essentiellement des métayers, quelques petits propriétaires, mais aussi des gemmeurs employés dans les forêts domaniales. Très vite, la trentaine de syndicats atomisés ressent le besoin de coordonner leur action. Dans un premier temps, les leaders veulent créer une union des syndicats des trois départements (Landes, Gironde, Charente), puis le principe d'une fédération départementale est arrêté. Les 21 et 22 décembre 1906, lors d'un premier congrès tenu à Morcenx, sous la présidence d'Ernest Ducamin, la Fédération des syndicats de fermiers, métayers, résiniers et partie similaires est constituée.


L'intention est de rassembler les gemmeurs et de leur associer les paysans de la zone non-forestière, en particulier ceux de Chalosse, souvent propriétaires. Cette ambiguïté sur l'identité sociale de la Fédération se traduit par une dissension entre Ernest Ducamin et Louis Duclos. Le premier se prononce pour la collaboration capital/travail, tandis que le second représente une tendance plutôt révolutionnaire. Les dissensions se manifestent à propos de l'adhésion à la C.G.T.. Au début du siècle, cette confédération syndicale apparait porteuse de perspectives révolutionnaires, notamment aux yeux des propriétaires terriens. La base militante du syndicat est cependant surtout ouvrière, autour des importantes fédérations du bâtiment, du Livre, du Textile et des Chemins de fer. Dans le Sud-Ouest, les effectifs cégétistes se concentrent ainsi dans les milieux ouvriers de Bordeaux et de Bayonne. L'adhésion de la Fédération des gemmeurs à la C.G.T., qui marquerait un rapprochement métayers-gemmeurs/ouvriers et poserait les rapports en terme de lutte des classes, est refusée par Ernest Ducamin dont les positions sont conservatrices, voire réactionnaires, du fait notamment de ses liens avec des personnalités de droite. A l'issue du premier congrès, seulement trois syndicats sur une trentaine s'affilient à la C.G.T..


Président provisoire à la veille du congrès, Ernest Ducamin est élu secrétaire général de la Fédération des résiniers. Sa popularité est forte mais son ignorance des bases et des modes d'organisation du syndicalisme est apparue lors des débats. Le dénommé Gieure est élu trésorier de la fédération, tandis que Gérôme Sourbé, secrétaire adjoint, s'occupe des archives. De Sainte-Eulalie-en-Born, le secrétaire du syndicat local Louis Duclos veut à son tour former une fédération plus révolutionnaire, mais il reste en définitive dans la fédération qui siége à Lit-et-Mixe.
 
 

 



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