Les débuts du mouvement social
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3. Le mouvement paysan

3.1. La situation sociale des ouvriers résiniers

Le travail des ouvriers résiniers au début du siècle est particulièrement pénible. Le procédé est le suivant : au début de l'année, le gemmeur incise le pin à l'aide d'un " hapchot " en zinc. Par cette plaie, la résine coule dans des pots de terre " cramponnés " au tronc de l'arbre. Les ouvriers " cueillent " alors la résine et portent les pots à l'usine où la gemme serve notamment à produire l'essence de térébenthine. L'ouvrier a sa part à l'usine. En 1906, chaque ouvrier produit 20 barriques par an et chaque barrique lui est payée 38 F. Le transport est à la charge des résiniers qui font parfois 15 km pour aller travailler. Ils restent environ deux à trois mois dans chaque endroit.


Le système sylvicole repose sur deux bases matérielles. La première esit agricole, héritée de l'ancien système agropastoral, et la deuxième sylvicole. La coupure est complète, même s'il s'agit d'un même individu, le métayer. La base agricole est constituée par le champ, le jardin, et un petit élevage. Elle continue d'assurer une base d'autosubsistance et assure la reproduction de la force de travail (ce qui ne coûte donc rien au propriétaire). La base sylvicole, au contraire, est orientée vers des productions marchandes : la résine, mais également d'autres travaux en forêt pendant la saison morte (bûcheronnage, poteaux de mine, éclaircissages, etc.).


Le travail qui releve de la résine induit une pratique sociale collective, tandis que les activités agricoles reposent plutôt sur une pratique individuelle. Les actions sociales des ouvriers résiniers se déroulent sur un plan collectif, que ce soit par l'existence des syndicats (de propriétaires et de gemmeurs) ou par les expulsions et les mises en quarantaine de métayers. Au contraire, dans le domaine de l'agriculture vivrière, les rapports restent très personnalisés : le propriétaire continue d'exercer son paternalisme (parfois par régisseur interposé), et en face, le métayer réagit par la soumission (réelle ou simulée) et par la ruse (il triche dès qu'il le peut, gruge le propriétaire sur les redevances, etc.).


Les contrats de gemmage, le plus souvent annuels, sont différents selon chacune des communes où est établie environ une trentaine d'ouvriers. En complément, les résiniers récoltent le blé pour leur pain et travaillent la terre : ils sont ainsi à la fois ouvriers et métayers. Mais c'est surtout la femme qui travaille la terre, sauf pour les travaux pénibles. En tant que métayers, les familles sont soumises à des redevances et à des corvées de la part des propriétaires. Les ouvriers agricoles sont encore plus pauvres que les métayers; en 1908 ils gagnent 1,50 F par journée de travail. A titre de comparaison, le kilogramme de pain vaut environ 0,30 F, et le kilogramme de viande de bœuf, 1,40 F.


L'inégalité foncière est très importante : des propriétaires de milliers d'hectares très riches côtoient des propriétaires de quelques centaines d'hectares A Habas, un nombre restreint de propriétaires détient la plus grande partie de la commune. Le Docteur Barieu de Pouillon posséde par exemple 72 métairies. A Saint-Martin-de-Seignanx, il y a 80 propriétaires pour 800 métayers. La fortune des grands propriétaires terriens est récente, elle date de la venue de la résine et des pins au siècle dernier. La terre, en tant que terre, ne compte pas dans la région, seule la terre plantée de pin a une véritable valeur.


Le rôle du régisseur est primordial dans les rapports sociaux, il assure une fonction de médiateur entre les métayers et les propriétaires. Né avec le système sylvicole, son rôle s'est généralisé avec l'essor de la grande propriété foncière. Souvent ancien métayer lui-même, le régisseur représente auprès du métayer un propriétaire de plus en plus lointain : il est présent le jour du battage pour vérifier que les sacs de grains sont bien répartis, il dicte au métayer les parcelles à gemmer pour la campagne, et intervient éventuellement dans le règlement de la part de résine. Interprète des ordres ou des directions du propriétaire, il est du coup soumis à une forte pression des deux côtés : les métayers le traite de " traître ", tandis que les propriétaires restent très méfiants, le soupçonnant de mal les représenter, de truquer les comptes.
 
 

 



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