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Les Landes au rythme de la France du XIXe siècle.
La France du XIXe siècle peut, à plus d'un titre, être décrite comme une société en constante révolution.
Révolution politique tout d'abord, puisqu'après la chute de Napoléon et du Premier Empire en 1815, cinq régimes différents se succèdent, marqués par les révoltes du peuple ou par les coups de force : la Restauration (1815-1830), la Monarchie de Juillet, la Seconde République (1848-1851), le Second Empire (1851-1870) et enfin la Troisième République à partir de 1871.
Révolution économique et sociale également, avec l'essor de l'industrie ou le développement des transports, et les profondes transformations qu'elles apportent à la société française.
Les Landes font partie intégrante de ces bouleversements, notamment dans la seconde moitié du siècle. À la fin du Premier Empire, le département, comme l'essentiel du territoire français, est encore très majoritairement peuplé de paysans ; mais ces derniers, plus qu'ailleurs, doivent affronter des conditions de vie extrêmement difficiles et précaires. La faible fertilité des sols, la pauvreté des populations et l'isolement géographique,
contribuent à donner des Landais, l'image d'étranges sauvages aux yeux de leurs contemporains. Il n'existe pas encore d'identité landaise. Le département lui-même n'a qu'une signification administrative, puisqu'il est né, au moment de la Révolution Française, de la réunion de différents petits pays agricoles. Or, cette situation contraste avec celle du département quelques décennies plus tard.
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Avec l'essor des transports, et notamment des chemins de fer, il devient possible d'exporter les produits agricoles à l'échelle nationale et internationale. Les différentes régions françaises tendent donc à se spécialiser dans certaines productions. Pour nourrir la croissance de l'industrie, il faut également
produire massivement diverses matières premières, comme le bois. Les Landes se trouvent à la croisée de ces mutations et bénéficient avec l'avènement du Second Empire d'une dernière circonstance favorable : l'intérêt du pouvoir central. Cette dernière impulsion offre la possibilité à la société landaise de rompre son isolement et contribue à forger son identité, en lui imprimant de vastes bouleversements. Le territoire et le paysage de la région sont profondément remodelés ; un nouveau système agricole se développe, basé sur l'exploitation des forêts de pins et tourné vers l'industrie, à laquelle il fournit plusieurs produits (bois et dérivés de la résine).

Si elle répond largement aux besoins de la société globale et des élites locales, soucieuses de relancer un système économique qui a atteint ses limites, cette modernisation des structures agricoles landaises ne se fait toutefois pas sans heurts. Car, en dehors du domaine économique, les conséquences de cette " révolution landaise " sont multiples et parfois contradictoires. En rompant les cadres du système agropastoral traditionnel, la mise en place du système sylvicole contraint bon nombre de Landais à opérer une difficile et douloureuse reconversion, quand elle ne les condamne pas à l'exil. Mais cette
mutation contribue également à forger une forte identité locale, en diffusant un même modèle social et en unissant les Landais dans un même quotidien. Dans le même temps, elle fait éclater l'horizon étroit d'un système d'autosubsistance pour porter le regard des Landais vers l'ensemble de la communauté nationale. Ce faisant, les Landais sont, là encore, partie prenante du vaste mouvement de politisation et d'intégration à la vie politique nationale qui caractérise le XIXe siècle français.
Plan de la première partie 1830-1890 |
1. L'invention des Landes modernes
2. Nouvelle société et entrée en politique