LAMARQUE Charles - Né le 12 janvier 1901 à Onard (Landes), mort le 30 novembre 1989 à Mont-de-Marsan; instituteur puis directeur de cours complémentaire; militant socialiste; député socialiste des Landes. |
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Charles Lamarque-Cando était issu d'une "famille humble et de vieille tradition républicaine ": son père, Jean Lamarque, agriculteur, mort en février 1939, fut de longues années, maire socialiste d'Onard. Il était marié à une institutrice et père de deux enfants.
Après son passage à l'École normale de Mont-de-Marsan, Charles Lamarque-Cando exerça dans les écoles françaises de Saint-Sébastien. En 1929, nommé à Aire-sur-l'Adour dans les Landes, il adhéra à la Ligue des droits de l'homme et au Parti socialiste S.F.I.O. mais, profondément marqué par Jaurès, vouant une fidélité absolue à la laïcité, il se consacra surtout au secrétariat de la Fédération départementale du Syndicat des instituteurs jusqu'en 1933. Il abandonna ces fonctions lorsqu'il fut promu directeur de cours complémentaire à Roquefort.
Après la journée du 6 février 1934 où il vit "une tentative de coup d'État contre la République ", Lamarque-Cando se tourna vers le militantisme politique. Le 11 février, il présida le meeting de protestation à Mont-de-Marsan puis organisa, à Roquefort, un comité antifasciste et fut le correspondant landais du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Au nom de la Ligue des droits de l'homme, il participa à toutes les manifestations populaires de 1934 à 1935, où il montra de réels talents d'orateur. Il était membre de la commission exécutive de la Fédération S.F.I.O. des Landes et devint, en 1936, son principal dirigeant.
A la faveur de l'élection complémentaire du 9 février 1936, il fut élu conseiller général du canton de Sabres (Landes) où il recueillit 884 voix au premier tour et 1 201 au second, soit 62 % des suffrages exprimés. Premier socialiste à siéger au conseil général, tentant de profiter du " courant créé ", il posa sa candidature aux élections législatives d'avril 1936 dans la 1ére circonscription de Mont-de-Marsan, dont le député sortant, le docteur Bézos, était radical-socialiste. Il mena contre son adversaire une campagne électorale active, d'où les violences de langage n'étaient pas exclues. Dans sa profession de foi -- où il ne se prévalait d'ailleurs pas du Front populaire --, il s'attacha surtout à l'application du programme socialiste à la situation locale. Battu au second tour, Lamarque-Cando obtint malgré tout 47 % des suffrages exprimés.
Le 24 mai 1936 au congrès fédéral de Morcenx (Landes), soutenant une " motion de conciliation ", il demanda une " déclaration ministérielle nette : tout le programme du Front populaire ou rien ". Devenu secrétaire fédéral en septembre 1936 à la place de É. Broca, il fit décider par le congrès de Labouheyre, tenu en octobre 1936, la création d'un journal propre à la Fédération des Landes : le Travailleur landais dont il fut le directeur politique ; le premier numéro de cet hebdomadaire parut le 11 novembre 1936.
Sous son impulsion, la Fédération mena un gros effort de documentation et de réflexion sur le problème du métayage ; lui-même ne cessa de dénoncer la loi de 1889, " loi ridicule et périmée " et c'est en ce sens qu'il intervint au congrès de Marseille. Parlant aux gemmeurs réunis en congrès à Saint-Symphorien (janvier 1937), il déclara que " syndicalisme résinier et socialisme landais marchent de pair " ; il ajouta, dans la pure tradition jauressienne " la C.G.T. est tout simplement le 4e État qui prend sa place 150 ans après que le Tiers-État ait pris la sienne. Les droits du travail, plus forts que les résistances, les égoïsmes, et les colères des privilégiés, s'inscrivent dans les faits, parfois dans les lois ". Et il soutint la grève victorieuse des gemmeurs du printemps 1937. Cette méthodique et intense campagne de propagande porta ses fruits : les effectifs fédéraux s'accrurent : 3 000 adhérents en 1939, soit trois fois plus qu'à l'été 1936, répartis en 105 sections. Aux élections d'octobre 1937, Lamarque-Cando fut réélu dès le premier tour, conseiller général du canton de Sabres.
Aux congrès fédéraux de 1937, 1938 et 1939, il rallia -- avec quelques nuances -- la tendance Léon Blum-Paul Faure. Par son habileté, il fit voter, en général à l'unanimité, des motions de synthèse. En septembre 1938, il apporta son appui, critique, à la signature des accords de Munich : " la paix n'est sauvée qu'à force de capitulations, de reniements, de lâcheté [...]. Ce qui nous inquiète, c'est la facilité avec laquelle tout est cédé aux dictateurs, par petites étapes, comme pour refaire et augmenter leur prestige et leur puissance ". Aussi, " pour éviter la catastrophe ", il souhaitait que " le Parti socialiste prenne hardiment la tête d'un Front populaire rénové où entreraient tous ceux qui voudront prendre des engagements solennels sur un programme précis, limité, à appliquer immédiatement " (30 octobre). Un an plus tard, il dénonçait avec véhémence " les inqualifiables procédés russes ". Pendant la guerre, il prit le pseudonyme de Cando, du nom de sa maison natale et organisa, à Mont-de-Marsan, un mouvement de résistance rattaché à Libération Nord et au réseau Buckmaster ; il fut chef adjoint départemental FFI.
Président du comité départemental de Libération, il poursuivit sa carrière politique sur le plan municipal, et fut maire de Sabres en 1945 et de Mont-de-Marsan de 1962 à 1983. Puis, après s'être éloigné du Parti socialiste dans les années soixante-dix, il fut battu par une liste d'Union de la gauche en 1983 et termina sa carrière politique (mars 1989) comme conseiller municipal de l'opposition.). Au niveau départemental, il présida le Conseil général des Landes de 1945 à 1951 et de 1970 à 1973. Et, sur le plan national, il fut député S.F.I.O. des Landes de 1945 à 1958, et vota l'investiture au général de Gaulle. En novembre 1958, il perdit son mandat qu'il retrouva de 1962 à 1968). En 1946 il avait été rapporteur devant l'Assemblée constituante du projet de loi modifiant le statut des métayages et fermages.
Sur le plan social, le nom de Charles Lamarque-Cando est associé à la Coopérative de construction des castors landais, fondée en 1952. Ces lotissements avaient pour but, dans un contexte de crise du logement, de permettre à des familles de condition modeste d'accéder à la propriété.
SOURCES : Arch. Dép. Landes, 3 M 182, 505-511. -- Le Travail. -- Le Travailleur landais. -- Renseignements fournis par Charles Lamarque-Cando, 22 juin 1975. -- Mémoire des Landes.
J.-Cl. Paul-Dejean
Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, 4ème période (1918-1940)